CENT ANS APRES LA PREMIERE GUERRE MONDIALE,

QUELLE LEÇON EN TIRER POUR L'HUMANITE ?

Paris, le vendredi 21 septembre 2018.

UNESCO salle XI

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LES CAUSES DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE ET LES IMPACTS SUR LES RELATIONS INTERNATIONALES AU XXÈME SIÈCLE

Par

Ante Glibota[1]

 

La Première Guerre mondiale, comme nulle autre, démontre que «L’action de guerre revêt essentiellement le caractère de la contingence», ainsi que l’a évoqué le Général de Gaulle  dans l’un de ses premiers ouvrages[2] qui contient sa vision et sa philosophie de l’histoire, conclusion tirée et retenue précisément de cette expérience personnelle et en tant que soldat et visionnaire génial de la Première Guerre mondiale.

 

Parler de faits historiques par rapport à notre sujet d’aujourd’hui, à un siècle de distance précisément, représente un recul historique solide et nécessaire pour en tirer des conclusions raisonnables. Toutefois par prudence d’historien, je ne dirai jamais que même un siècle de distance est suffisant ou absolument valable pour aboutir à des conclusions définitives. Malgré de nombreuses recherches institutionnelles, publications universitaires, témoignages directs et oculaires, littérature opulente, tonnes de sources dans les archives diplomatiques et autres, malgré certains faits soulignés et acclamés, les raisons concluant au commencement de la première guerre mondiale, et précisément celles le plus souvent évoquées, ne font pas, malgré tout, l’unanimité chez les historiens. La plupart des manuels scolaires et même universitaires nous offrent la scène du meurtre de l’Archiduc autrichien François-Ferdinand par l’exalté serbe Gavrilo Princip à Sarajevo, avec en prime la photo représentant l’empreinte du pied de Gavrilo Princip sur le sol bosniaque, à la manière d’un Walk of Fame Sarajevien, comme l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale.

 

Tout historien sérieux sait que les faits sont différents, plus complexes et que les préparatifs  à cette guerre sont détectables, sciemment construits, annoncés même de nombreuses  années auparavant. L’évènement de Sarajevo a strictement servi en tant qu’élément de basculement conceptuel. Nous sommes plus près de penser que les stratagèmes à l’origine de la Première Guerre mondiale avaient déjà commencé par une mise en place de la guerre russo-turque et surtout plus précisément par une série de guerres balkaniques entre 1912-1913. En tant qu’historien, on songe plutôt, documents d’archive à l’appui, à des faits ressassés, en attendant l’occasion de la revanche rêvée pour contester les résultats de la guerre Franco-Prussienne, et l’étouffement de la Commune de Paris…, puis à la décision bancale du Congrès des Nations de Berlin en1878, d’inspiration britannique[3], qui a resurgi en fait par la volonté de modifier le traité San Stephan[4] qui proposait une architecture étatique sur la péninsule balkanique.

 

Mais parallèlement, ce traité faisait tout pour éloigner les intérêts les plus vifs de la Russie impériale vers la Méditerranée, sous prétexte de son souci de panslavisme prononcé, en se posant en protecteur de certains de ces pays des Balkans, en connexion et dans l’alignement de causes plus éloignées, mais directes, qui ont mené à cette guerre désastreuse. En réalité, le stratagème de la Russie impériale, comme par ailleurs celui de la Russie des soviets et celle d’aujourd’hui, consistent en une sortie stratégique sur la mer chaude de l’Adriatique, le franchissement des Dardanelles et l’accès à la Méditerranée. C’est ce qui ressort de toutes lectures et analyses minutieuses de la stratégie et de la conceptualisation de la diplomatie russe depuis la fin du 19e siècle jusqu’à nos jours!

 

Le fait est que les diplomaties des puissances européennes font de grands efforts au début du 20e siècle pour maintenir cet équilibre précaire, afin simplement de sauvegarder et d’empêcher la fin d’empires vacillants face aux guerres civiles, aux révolutions galopantes perceptibles à l’horizon… En parallèle, on cherche à réaliser une nouvelle architecture territoriale, une nouvelle configuration des frontières au sein de l’Europe et de ses environs, résultant des conséquences provoquées par la guerre franco-prussienne, des aspects du traité de Saint Stéphane, du Congrès des Nations de Berlin, en clair, il s’agit de partager les territoires frontaliers issus des séries de guerres balkaniques de 1912 et 1913.

 

En réalité, la guerre est, en quelque sorte, sollicitée de toutes parts!

 

L’historien allemand Fritz Ficher[5] évoque, documents à l’appui, que le 2e Reich a pris la  décision de faire la guerre dès la fin de l’année1912, à partir de la fameuse réunion du conseil de la guerre, réunion autour de l’empereur Guillaume II, le 8 décembre 1912.

 

Maurice Barrès exprime aussi cette volonté de guerre en disant[6] »…Depuis quarante ans, la pensée la plus fidèle de la France est tournée vers Metz et Strasbourg. Nos yeux ne vous quittent pas.»… Jean Jaurès même s’écriait devant le Parlement français[7] : »L’Alsace et la Lorraine sont comme ces arbres qu’on peut séparer par une muraille de la forêt, mais qui, par les racines profondes, vont rejoindre sous la muraille de l’enclos les racines de la forêt primitive.» Finalement Charles Péguy cité par Romain Rolland[8] quand il dit »Mais n’allez donc plus nous conter maintenant que la guerre de 1914 nous a été imposée contre notre volonté. Soyez francs ! Sachez et osez avouer… que toute une jeune génération française marchait au devant  joyeusement. … »

En termes plus précis, la France souhaite récupérer l’Alsace et la Lorraine perdues au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 suite à l’armistice signé[9] et aux lourdes réparations à honorer. Le démantèlement des forces militaires françaises se stabilise vers1890, et au fur et à mesure, l’armée française devient de plus en plus crédible, du  début du 20e siècle jusqu’au commencement de la Première Guerre mondiale. Depuis, la France veille et n’attend ni plus ni moins qu’un prétexte valable, s’armant, tissant aussi des alliances diversifiées, cherchant sa revanche sur l’Allemagne pour récupérer le territoire national occupé.

 

L’armement des futurs partis en conflit a atteint un tel degré que certaines puissances ont doublé voire triplé les crédits militaires, mettant ainsi en place une industrie de guerre. Les dépenses militaires ne cesseront plus de grossir par la suite ainsi que les charges corolaires, fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Des alliances se sont tissées depuis 1905, les négociations concernent également un partage futur entre la Russie, la France, l’Angleterre, l’Italie…parfois ces alliances sont remises en question en raison des guerres balkaniques, mais aussi du financement par les grandes puissances de certains petits pays concernés. Evidemment, l’alliance germano-autrichienne reste parmi les plus stables, même si ces deux empires se sentent encerclés par les alliances franco-anglaise et franco-russe. A l’initiative de la Russie, la Serbie optera également pour une alliance avec la France. D’ailleurs, la Serbie entre dans cette alliance dès 1911[10] en avançant ouvertement la demande que tous les serbes vivent dans un même Etat, celui du royaume serbe, étendu aux territoires peuplés par des serbes dans le royaume de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire ottoman.

 

Quant à l’Italie, elle ne joue pas franc jeu dans l’alliance en raison de ses prétentions sur la péninsule balkanique et en Afrique, ses aspirations étant à l’opposé de celles de l’Empire Austro-Hongrois et du 2e Reich.

 

Par les documents d’archives, on sait précisément que toutes les puissances européennes  étaient informées de la préparation de l’attentat contre l’Archiduc autrichien François-Ferdinand par la Serbie. La Serbie avait une raison évidente d’empêcher un futur empereur austro-hongrois qui était politiquement et intellectuellement plutôt libéral, anti-belliciste, avec l’intention publiquement exprimée de vouloir maximaliser l’autonomie des composantes de la monarchie à l’aigle bicéphale. Un tel positionnement ne laissait pas beaucoup d’espoir à la Serbie, ni à son protecteur la Russie, de s’agrandir sur les territoires voisins, sortir sur l’Adriatique et réunir tous les slaves du sud sous le chapeau serbe, occasion de construire la Grande Serbie tant rêvée.

 

Or, telle fut l’idée germant déjà dès le milieu du 19e siècle, conceptualisée et mise sous forme écrite[11] par Ilija Garešanin, ministre de l’intérieur et des affaires étrangères de Serbie, concept qui inspirera le roi Pierre Ier de Serbie du début à la fin de son règne, ainsi que différents dirigeants serbes depuis un siècle et demi, dont également Slobodan Milošević décidé à concrétiser cette même idée tout récemment (1986-2000). L’exécution d’un tel concept devait hélas engendrer d’innombrables victimes, avec les massacres que l’on sait, des déplacements de population, d’exodes...La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo étant toujours actuellement des sources probables de nouvelles guerres à venir, dont les résurgences et motifs étaient déjà connus avant la Première Guerre mondiale et perpétués du milieu du 19e siècle jusqu’à nos jours!

 

L’Italie, hésitant de quel côté se ranger ou au plus offrant, a elle aussi un appétit grandissant, avant la Première Guerre mondiale, envers les territoires de l’Albanie, du Monténégro, du Kosovo, de la Grèce de la côte Croate, et de la Libye... en opposition directe aux aspirations austro-hongroises.

Il est donc évident que les grandes puissances vont se tourner vers la péninsule balkanique avec l’ambition d’obtenir leur sortie vers l’Adriatique et la Méditerranée. Mais de son côté,  l’Autriche-Hongrie veut éviter les agitations des peuples composant sa monarchie et en quête d’une voie plus claire vers l’Indépendance.Cette vision des choses pousse aussi la Russie, avant le commencement de la la Première Guerre mondiale, à faire alliance avec la France et à s’éloigner de ses alliances avec l’Allemagne et l’Empire austro-hongrois.

 

On connaît les conséquences tragiques de cette guerre voulue par toutes les puissances  souhaitant en découdre avec un voisin puissant, pour poursuivre une politique colonialiste et expansionniste. Il manque aussi des Hommes d’Etat d’envergure pour éviter ce désastre qui a coûté la vie à presque 20 millions d’hommes et fait autant de blessés et d’invalides. Ce fut l’une des plus grandes et insensées boucheries de toute l’histoire de l’humanité. Dans l’alliance, on constate aussi un conflit substantiel entre les états-majors des différentes  armées, ce qui prolonge la guerre et augmentera le nombre de victimes que personne ne compte plus. La mutinerie de soldats austro-hongrois issus de composantes nationales diverses, la puissance des sentiments nationaux par ailleurs, suscitent un sentiment d’exaspération de faire une guerre inutile, pour une monarchie finissante. La mutinerie des soldats n’a pas épargné l’armée française non plus...

 

La révolution bolchévique a suscité une espérance pour le 2e Reich et pour l’Autriche-Hongrie avec l’idée qu’on puisse davantage libérer la pression sur le front de l’est pour renforcer le front d’ouest alourdi par la présence de troupes américaines, canadiennes, africaines, chinoises notamment. D’ailleurs il n’est pas sans intérêt de remarquer que le transfert de Lénine, inspirateur et guide de la révolution d’Octobre, de Zurich via l’Allemagne vers Saint-Pétersbourg, a été réalisé avec l’aide discrète et sous la bienveillance des autorités allemandes[12], influençant et bouleversant ainsi l’échiquier politique du monde d’une manière inédite et évidemment inattendue.

 

Comme d’habitude, on en vient au final de cette guerre macabre avec le Traité de Versailles du 28 juin 1919 dont l’article  231 incombe la responsabilité de la guerre à l’Allemagne et à ses alliés, ce qu’ils n’acceptent pas! Mais c’est le vainqueur qui impose les termes du Traité qui sera malheureusement à l’origine d’une nouvelle guerre mondiale, moins de vingt ans plus tard, guerre encore plus destructrice et qui n’épargnera plus personne ni aucune région du monde.

La nouvelle architecture européenne par ce même traité de Versailles aboutit à la création de différentes entités étatiques indépendantes, issues de l’Empire d’Autriche-Hongrie, comme la Tchécoslovaquie, la Hongrie,... et à la création une nouvelle entité étatique la Yougoslavie. Le Roi de la Serbie devient Roi de la Serbie, de la Croatie et de la Slovénie, au final le roi de la Yougoslavie. La volonté des puissances mondiales n’est pas de demander aux peuples ou aux  parlements de ces pays de se prononcer, mais de réaliser cet assemblage. Une guerre se termine mais on laisse la porte ouverte à d’autres conflits encore plus meurtriers, sans se poser la question du destin des êtres concernés.

 

Dans ce cas précis, on savait que cela ne fonctionnerait pas, et 70 ans plus tard, l’hostilité de la Serbie vis-à-vis de la Slovénie, de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine a donné lieu à cinq années de guerre, des centaines de milliers de morts, des millions de personnes en exode, la destruction des êtres et du patrimoine universel, tout simplement pour satisfaire un désir fou, inapproprié, de créer une grande Serbie, attribuée par les grandes puissances mondiales d’alors par le Traité de Versailles.

 

Bien sûr, nous pourrions continuer à développer de nombreux éléments qui choquent nos esprits, mais dans ce lieu et sous le haut patronage d’une institution vouée à la culture universelle, telle l’UNESCO, et aussi en tant qu’historien d’art, je ne pouvais ici éviter d’évoquer également les problèmes de l’anéantissement du patrimoine universel, comme conséquence la plus directe de toutes les guerres. Il en fut ainsi avec la Première Guerre mondiale au cours de laquelle de nombreux monuments ont été détruits et particulièrement nos lieux de culte dont des cathédrales qui furent des cibles faciles mais aussi des demeures historiques et des bâtiments civils.

 

Je vais les évoquer brièvement à travers l’exemple précis de la ville de Reims, ville du couronnement des rois de France, ville qui fut particulièrement meurtrie pendant la Première Guerre mondiale, et qui ne s’en est toujours pas entièrement relevée, un siècle après le désastre qui l’a touchée. Cette ville possède un patrimoine architectural exceptionnel dont la Basilique de Saint-Rémi classée au Patrimoine mondial par l’Unesco, et qui transmet toujours une émotion extraordinaire et particulière quand on pénètre dans son enceinte. Touchée par divers bombardements, incendiée par une pluie d’obus en août 1914, elle fut entièrement détruite. Quelques mois plus tard, la restauration de la Basilique sera entreprise, comme celle de la ville de Reims désintégrée par le pilonnement de l’artillerie allemande. Tel un Phénix la Basilique renaîtra de ses cendres, mais un siècle n’a pas suffi pour la restaurer complètement, ni rendre toute son émotion architecturale, artistique, spirituelle, à ce monument hors du commun et abondamment évoqué par de nombreux écrivains dans le passé. C’est en effet dans l'abbaye de Saint-Rémi qu’est toujours conservée la Sainte Ampoule, ainsi que les corps de certains premiers souverains de France et des dignitaires de la chrétienté.

 

L’église Saint-Jacques, édifiée aux XIe et XIIe siècles, l’un des plus beaux exemples d’art gothique dans l’harmonie de ses proportions et ses splendides chapelles Renaissance, fut complètement détruite. Elle ne sera reconstruite qu’en 1994, très loin de son original, et reconnue à présent pour ses vitraux réalisés par les artistes contemporains Joseph Sima et Vieira da Silva.

 

La mondialement célèbre Cathédrale de Reims n’a pas connu un sort plus heureux pendant la Première Guerre mondiale. Ses premières pierres furent mises en place le 6 mai 1211, et elle fut aussi le lieu du sacre de 25 rois de France. Claude Monet, grand maître de l’Impressionnisme, a consacré une série de remarquables peintures propageant la gloire de cette majestueuse cathédrale. Mais elle aussi fut bombardée, incendiée, et gravement endommagée, notamment ses vitraux légendaires, ses chapelles rayonnantes, ses sculptures flamboyantes de rois, de saints, d’anges. Les obus allemands ayant emporté le cortège de rois qui manquent dans le haut de la nef, la succession des sacres sur le lieu du baptême de Clovis. La verrière ancienne fut aussi substantiellement mutilée[13]. Face à un tel désastre, Marcel Proust sublimera ces trésors anéantis le jour de Noël 1914 en écrivant: «La guerre est la guerre et nous ne pleurons pas qu’une humanité de pierres. Mais celle de Reims dont le sourire semblait annonciateur de celui de Vinci, dans ses draperies qui rappelaient, à confondre l’esprit, la plus belle époque de la Grèce antique». Le Palais du Tau de la Cathédrale expose tous ces fragments de sculptures et reliefs mutilés, ces morceaux de reliques, dont la vue vous plante comme un couteau en plein cœur quand vous parcourez cette cathédrale, substance de l’esprit de la nation française. Sa reconstruction dure déjà depuis un siècle et nécessitera probablement de nombreuses décennies encore pour qu’elle retrouve l’aspect qu’elle avait avant 1914.

 

Je pourrais ainsi continuer à l’infini d’énumérer les destructions irremplaçables occasionnées aux richesses du patrimoine universel, de Reims en 1914, Guernica en 1937, Dresde en 1945, Vukovar en 1991, Dubrovnik en 1992, Alep et Palmyre en 2018…la folie humaine qui par les mêmes actes blesse chacun d’entre nous. Ne serait-il pas possible qu’au sein de l’UNESCO même, on en appelle à un esprit propageant universellement, dès le plus jeune âge, un enseignement obligatoire d’une culture de la paix, anti-destruction, anti-guerre, et qui pénètre au plus profond de la conscience et du cœur de chaque être vivant ! 

 

Nous souhaitons conclure l’évocation de cette guerre qui terrorisa les esprits, car chaque victime de la guerre est une victime de trop, et la célébration de ce triste centenaire, Mesdames et Messieurs, par un appel à la sagesse des nations qui devraient trouver des remèdes à leurs discordances et les voir s’estomper grâce à l’action et la volonté civiques des citoyens et des hommes et femmes d’Etat, fait hélas rarissime de nos jours. Des hommes et des femmes qui pourraient s’engager sans rien ménager, sans ignorer la gravité  du péril pour l’humanité entière, afin de montrer les chemins de concordance et de coexistence humaine, pour que notre Terre devienne un oasis de paix globalisée, au lieu de rechercher le pouvoir, la puissance économique, l’agrandissement territorial, la suprématie militaire et l’idéologie dominante d’une politique globalisée.

 

Merci !

 

Paris, 15 Septembre 2018

 

 

 

 

 

 

·        ANNEX1. CHANGEMENT DE TERITOIRE AVANT ET APRES

GRANDE GUERRE 1910-1929

·         

·         28 novembre 1912 : Indépendance de l'Albanie par rapport à l'Empire ottoman.

·        30 mai 1913 : Le traité de Londres met fin à la Première Guerre balkanique :

·        L'Empire ottoman perd toutes ses possessions dans les Balkans, à l'exception des territoires à l'Est de la ligne Énos-Midia. Ces territoires sont partagés entre la Grèce, la Serbie, la Bulgarie et le Monténégro; mais les frontières ne sont pas définies, ce qui provoquera la Deuxième Guerre balkanique.

·        L'indépendance de l'Albanie est définitivement reconnue.

·        10 août 1913 : Le traité de Bucarest met fin à la Seconde Guerre balkanique :

·        La Bulgarie, vaincue, perd une partie de ses territoires acquis au traité de Londres (Macédoine) mais conserve la Thrace Occidentale. Elle cède également à la Roumanie le Dobroudja du Sud qui lui appartenait avant le traité de Londres.

·        La Serbie reçoit le nord de la Macédoine et partage le Sandjak de Novipazar avec le Monténégro.

·        La Grèce reçoit quant à elle le Sud de la Macédoine, avec Salonique, ainsi que les îles de la mer Égée et la Crète, cédées par l'Empire ottoman.

·        29 septembre 1913 : Traité de Constantinople qui définit la frontière bulgaro-ottomane. L'Empire ottoman récupère les villes d'Andrinople, de Kirk Kilissé et de Demotica.

·        17 décembre 1913 : Traité de Florence qui définit la frontière albano-grecque. L'Épire du Nord (où vit une forte minorité grecque), occupée par les Grecs depuis la Seconde Guerre balkanique, est rétrocédée à l'Albanie.

·        1er décembre 1918 : Indépendance de l'Islande

·        1er décembre 1918 et jours suivants : dislocation de fait de l'Autriche-Hongrie, les comités nationaux des différents peuples de l'Empire proclament leurs indépendances (Tchèques et Slovaques, Polonais, Ukrainiens) ou leur union aux pays voisins dont ils étaient culturellement proches (Allemands d'Autriche et de Bohême, Italiens, Slovènes, Croates, Serbes, Roumains) ; Allemands et Ukrainiens n'obtiendront pas satisfaction au Traité de Saint-Germain.

·        21 janvier 1919 : Déclaration d'indépendance de l'Irlande.

·        28 juin 1919 : Traité de Versailles qui conclut la Première Guerre mondiale.

·        La Pologne et la Tchécoslovaquie sont créés sur des territoires jusque-là allemandsaustro-hongrois et russes.

·        L'Allemagne perd l'Alsace-Lorraine au profit de la France, les cantons d'Eupen et de Malmedy au profit de la Belgique, la partie peuplée de Danois du Schleswig au profit du Danemark, et la région de Hlučín (Haute-Silésie) au profit de la Tchécoslovaquie.

·        La Posnanie et la Prusse-Occidentale sont cédées par l'Allemagne à la Pologne, ce qui sépare la Prusse-Orientale du reste du pays.

·        Dantzig devient une ville libre sous contrôle de la SDN.

·        La Sarre et le territoire de Memel sont placés sous le contrôle de la Société des Nations et la Ruhr est occupée, tandis que la rive gauche du Rhin est démilitarisée.

·        10 septembre 1919 : Traité de Saint-Germain-en-Laye qui consacre le démembrement de l'Autriche-Hongrie. L'Autriche et la Hongrie sont réduits à deux petits États et perdent leurs territoires peuplés d'autres nationalités (dans le sens d'ethnies) :

·        La Tchécoslovaquie est créée à la suite de la demande des Tchèques et des Slovaques. Toutefois, une importante minorité allemande (les Sudètes) y est incorporée.

·        Les Polonais obtiennent le droit d'intégrer la Galicie dans leur nouvel État.

·        L'union de la Serbie, du Monténégro et des anciens territoires slaves méridionaux (Serbes, Croates et Slovènes) de l'Autriche-Hongrieforme le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yougoslavie).

·        L'union du Vieux Royaume et des territoires peuplés majoritairement de Roumains : TransylvanieBanatMaramureș et Bucovine, jusque-là austro-hongrois, et Bessarabie moldave, jusque-là dans l'Empire russe, forme la « Grande Roumanie ».

·        Le Burgenland, territoire hongrois à majorité germanophone, est cédé à l'Autriche.

·        L'Italie reçoit le Trentin et le Haut-Adige (bien que celui-ci soit peuplé d'Allemands), ainsi que Trieste, la marche julienne, l'Istrie et les îles de Cres et de Lošinj ainsi que quelques petites îles dans les alentours.

·        Le sort de Rijeka (Fiume) n'est pas réglé et elle devient ville libre.

·        27 novembre 1919 : Traité de Neuilly qui redéfinit les frontières de la Bulgarie qui avait participé à la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux. Celle-ci est obligée de céder, à l'ouest, les districts de StroumitsaTsaribrodTimok et Bosilegrad au nouveau Royaume des Serbes, Croates et Slovènes; et au sud, la Thrace occidentale à la Grèce, privant ainsi la Bulgarie d'un débouché sur la mer Égée.

 

 

 

. CHANGEMENT DE TERITOIRE SUITE DE GRANDE GUERRE 1920-1930

 

·        9 février 1920 : La souveraineté norvégienne sur l’archipel du Svalbardest reconnue.

·        10 février et 14 mars 1920 : Le nord du Schleswig-Holstein est réuni au Danemark après deux référendums.

·        4 juin 1920 Traité de Trianon définissant les frontières de la Hongrie, devenue indépendante, après la Première Guerre mondiale : elle doit céder une grande partie de son territoire à la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie et l'Autriche.

·        10 août 1920 Traité de Sèvres. L'Empire ottoman doit céder toute la Thrace orientale (sauf Istanbul) à la Grèce ainsi que les îles de Imbroset Ténédos, qu'elle occupait déjà depuis 1919.

·        14 octobre 1920 Traité de Tartu entre la Finlande et la RSFS de Russie au sujet de leur frontière. La région de Petsamo revient à la Finlande et les régions de Repola et Porajärvi reviennent à la RSFS de Russie.

·        12 novembre 1920 Traité de Rapallo entre la Yougoslavie et l'Italie. L'Italie reçoit les îles de LastovoPelagia et la ville de Zadar (Zara). Rijeka(Fiume) devient une ville libre.

·        8 mars 1921 : Après un plébiscite, l'Allemagne cède un tiers de la Haute-Silésie à la Pologne.

·        24 juillet 1923 Traité de Lausanne. La Turquie récupère la Thrace orientale et les îles d'Imbros et Ténédos qui avaient été cédées par l'Empire ottoman.

·        27 janvier 1924 Accords de Rome entre l'Italie et la YougoslavieRijeka (Fiume) est annexée par l'Italie tandis que son arrière-pays revient à la Yougoslavie.

·        8 mai 1924 : le territoire de Memel est rattaché à la Lituanie.

·        7 juin 1929 : ratification des accords du Latran, réglant la « question romaine », et conduisant à la création de la cité du Vatican.

 



[1] Vice-Président de l’Académie Européenne des Sciences, des Arts et des Lettres (EASAL)

 

[2] Charles de Gaulle, Le Fil de l’épée, Edition Berger-Levrault, Paris, 1944. p. 15.

[3] Lord Salisbury, ministre des affaires étrangères  et Benjamin Disraeli, Premier ministre britannique, souhaitent par tous les  moyens contrecarrer avec l’Autriche-Hongrie la volonté de la Russie à s’étendre vers la mer Egée et l’Adriatique.

[4] Suite de la guerre Russo-Turque, de 1877-1878, où la Russie a été accompagnée par la  Roumanie, la Serbie et le Monténégro, comme vainqueurs de l’Empire ottoman.

[5] Fritz Ficher, Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-1918), Paris, Editions de Trévise.1961.,puis dans un autre livre Krieg der Illusionen die deutsche Politik von 1911 bis1914.

[6] Un Discours à Metz 15 Août 1911, dans Colette Baudoche, suivi de Un discours à Metz, Ed. Nelson, Paris, p.195.

[7] Ibid, p.198.

[8] Romain Rolland, Péguy vol.1, Ed. Albin Michel, Paris 1944, p.246

[9] Traité de Francfort sur-le-Main, du 10 mai 1871.

[10] Exprimé lors de la visite du roi Pierre Ier de Serbie à Paris, en novembre 1911.

[11] Ilija Garešanin, Načertanije, Program spoljašne i nacionalne politike Srbije na koncu 1844.godine (en alphabet cyrillique) : Les Dessins, Programme de la politique nationale et étrangère de la Serbie à la fin de l’année1844.

[12] Alexandre Soljenitsyne, Lénine à Zurich, Seuil, Paris, p.181-184 sur le rôle d’Alexandre Helphand (Parvus) (p.214) et de Georges Sklarz (p.219) facilitant le passage de Lénine et Zinoviev de la Suisse vers la Russie pour déclencher le changement révolutionnaire.

[13] Bombardement pendant 8 heures et 24 obus directs le 19 septembre 1914.




Ante Glibota delivered a lecture at UNESCO, Paris 2018, on the occasion of 100 years since the First WW

Many thanks to Mr. Ante Glibota, Paris, for sending us this article.



The period of Croatia within ex-Yugoslavia